Il était une fois, un petit bol de nouilles séchées dénommé Paldo. Paldo était né en banlieue de Séoul, en Corée à une date indéterminée. Il avait eu une enfance difficile et en particulier parce que ses amis se moquait de son arôme de crevette. La maman de Paldo avait tout fait pour le rendre heureux, lui disant qu’il était délicieux et qu’un jour viendra où il remplirait de bonheur un estomac. Paldo comprenait les propos de sa maman, mais cela ne le touchait pas. Il vivait de noires émotions et cherchait encore sa raison de vivre.
Un jour, il a été choisi et mis en boite. Ce moment a été le point de départ de son aventure. Paldo parlait coréen, chinois, espagnol et anglais, ce qui lui ouvrait la porte de bien des pays. Il a choisi de traverser l’Atlantique, pour se rendre plus précisément dans un petit marché en banlieue de West Palm Beach. Comme il ne voyageait pas seul, il devait composer avec ses congénères de voyage. Ceux-ci, tout joyeux d’enfin pouvoir voir du pays et faire la rencontre de leur maître. Paldo savait bien que ce n’était pas ce qu’il voulait, mais il ne pouvait en parler.
Un jour, un infortuné l’a choisi parmi tous ses congénères. Pour la faramineuse somme de $1,27, il a eu le privilège d’amener Paldo dans sa maison, ou plus précisément dans le garde-manger d’un bateau. Cet homme pris soin de le ranger précieusement, se délectant les babines en imaginant le jour où il dégusterait Paldo. Puis, il oublia jusqu’à l’existence de Paldo. Les jours, les semaines et les années ont passés. Paldo, lui, bouillait d’impatience de d’accomplir enfin le plan maléfique qu’il avait concocté, mais on ne lui donnait pas cette chance. Alors, cette force du mal grandissait en lui avec chaque jour qui passait.
Puis un jour où le bateau avait pris la mer, lorsqu’il faisait nuit et que la mer était agitée, l’homme revint, ouvrir la porte du garde-manger et examina Paldo. Il regardait s’il y avait une date de péremption mais comme il n’en avait aucune, il décida d’aller de l’avant avec la cérémonie que Paldo avait attendu toute sa vie. D’abord, l’homme ouvrit le couvercle. Il remarqua que celui-ci avait une légère déchirure, mais après inspection du contenu, détermina qu’aucun insecte n’était vu pondre ses oeufs dans les pâtes. En effet, les pâtes sur un bateau ont la fâcheuse habitude de développer des larves. Elles se creusent une petite niche et se régale de temps en temps d’une bouchée de leur cocon. On les repère assez facilement mais le spectacle n’est jamais ragoûtant.
Paldo savait que si les larves avaient eu l’emprise sur lui, sa vengeance n’aurait pas pu être déchaînée. Il aurait fini tout simplement dans la poubelle. Non, ce n’était pas une option alors il s’efforça de rancir un peu plus à chaque jour, ce qui éloigna quelconque insecte qui se serait approché d’un peu trop près.
L’homme pris le sachet dans le ventre de Paldo, l’ouvrit et déposa le contenu sur les pâtes. Il remarqua une légère odeur de rancit, et la texture du contenu du sachet qui était plutôt pâteuse grumeleuse au lieu d’une poudre, mais qui était-il pour juger de la qualité de ce plat? Des experts avaient décidé que ce plat pouvait être bon en tout temps, alors ce n’était peut-être pas un problème, mais un gage d’un produit de haute qualité?
Pablo senti une chaleur l’envahir. C’était son instant de bonheur. Celui qu’il avait attendu toute sa vie. Tous ces voyages et toute cette attente ne sera pas veine. Enfin, son plan machiavélique sera exécuté dans toute sa splendeur. Paldo en avait assez des bols de soupes normaux, qui aspire simplement à réconforter et à satisfaire. Paldo était différent, il pouvait parvenir à ses fins sans règles, ni loi. On ne lui avait jamais dit qu’il pouvait aspirer à la vie éternelle, mais Paldo savait que tel était son désir. Pourquoi faire plaisir aux autres quand on peut s’élever au détriment des autres? Décidément, les autres n’avaient rien compris et Paldo leur démontrerait.
En l’espace de quelques minutes, Paldo fut ingéré et ce n’est que quelques heures plus tard que le pauvre infortuné réalisa l’ampleur de son erreur. Le goût de rancit remonta de ses entrailles jusqu’à sa bouche et elle persistait, même après l’application d’une généreuse couche de fluore. Celle-ci était à se point prononcée qu’elle résista pendant des jours entiers et donna un goût de rancit à tout autre morceau de nourriture. Paldo était heureux car grâce à son ingéniosité, il ne serait pas oublié de sitôt. Mais pour acquérir la vie éternelle, celui-ci devait retourner à l’état de soupe à la mer… Et bien, ce fut chose faite par le chemin le plus agonisant pour notre homme. La régurgitation aurait été si simple, si facile. Mais Paldo en avait décidé autrement. Il s’était empressé d’intégrer les intestins pour éviter les contractions d’estomac induites. Quel bonheur de savourer ce mal qu’on peut infliger à une personne. Mais, comme tout bonne chose a une fin, il était temps pour lui de reprendre sa forme de soupe et d’évacuer cette existence, ce bateau. C’est ainsi que j’ai revu Paldo après quelques dizaines d’heures prendre le chemin du large.
Le plan de Paldo avait été un succès total. Maintenant, lorsque vous contemplerez l’océan, vous pouvez avoir une petite pensée pour Paldo, le petit bol de soupe.