Moins devant que derrière.
Ce matin, j’avais encore les yeux gommés lorsque j’ai sorti la tête à l’extérieur pour saluer Serge qui était de quart dans le cockpit. C’est en le voyant emmitouflé dans son ciré et je réalise que nous montons au nord… Les matins sont de plus en plus frisquet et le fond de l’air est beaucoup plus frais. J’ai juste eu le temps d’échanger quelques mots avant de crier “Baleines!”. A moins de trois longueurs de bateau se trouvait 2-3 petites baleines et nous voyions très bien leur souffle à chaque respiration. Wow, belle façon d’entamer la journée!
Un peu plus tard, c’est au tour de Carl de se lever et il est en feu ce matin. Il danse et chante la chanson de “YMCA”!!! La bonne humeur habite le bateau! Peut-être ce débordement d’enthousiasme est dû au fait qu’il est l’élu pour réaliser un acte héroique. Il faut monter dans le mât pour reprendre la drisse du spi par le petit bout qui dépasse toujours. Lorsqu’elle avait rendu l’âme, elle s’était bloqué sur la poulie en tête de mat. C’est une chance incroyable que nous avons eu car elle aurait bien pu tomber dans le mat et ainsi complexifier pas mal notre travail.
Après quelques préparatifs pour stabiliser le bateau et des GoPros pour filmer l’exploit, Carl faisait son ascension vers les nuages à une hauteur équivalente à un édifice de 7 étages. Rendu en haut, il a un peu maugréé à l’effet que je ne lui avait pas dit l’effet d’une telle ascension sur les bijoux de famille. 🙂 Faut bien lui laisser des choses à découvrir! La drisse a pu être descendu sur la pont (et Carl aussi) pour une analyse de l’accident. Notre verdict est que l’épissure qui a été livrée par Beneteau n’était pas assez longue pour lui conférer suffisamment de solidité pour soutenir un spi dans les airs et par conséquent, elle s’est tout simplement déliée sous la pression du Monstre. Le plus frustrant, c’est que nous avons hésité à éliminer le système de poulie 2:1 juste avant de hisser le monstre car il apporte plein de problèmes de twist avec le cordage. Avoir suivi mon intuition (au lieu d’essayer d’éviter de grimper dans le mat), nous n’aurions pas eu cette avarie dans laquelle nous avons perdu l’usage de notre spinnaker.
Apparemment, la plus grande peur de Carl avant de venir sur Jayana se situait dans la cuisine. Il se demandait comment il allait préparer les repas à la gîte, qu’est-ce qu’il y avait pour cuisiner, etc. Au fil des jours, nous lui avons enseigné Cuisine à Bord 101 et il s’en vient très bon! Il s’est cependant rendu compte que la préparation d’une quiche demande la maîtrise de Cuisine à Bord 201… En particulier, la manoeuvre pour mettre l’assiette avec la pâte avec la préparation coulante dans le four. Quand toute la cuisine oscillent entre 10 et 25 degrées d’inclinaison à toutes les 6 secondes, il faut pré-incliner la pâte avant de mettre la préparation et le transfert est très délicat. Il faut ouvrir la porte du four, estimer l’angle de gite, pré-incliner le four, prendre la quiche et la déplacer tout en gardant la préparation au niveau et ensuite la glisser dans le four incliné à l’angle de gîte du moment. Lorsque la porte est refermée, le four s’ajuste automatiquement, mais la manoeuvre de transfert est vraiment délicate… Carl a un bon maître avec Serge qui lui, maitrise Cuisine à Bord 401 (selon Carl)!
Après le dîner, nous étions rendu au centre de l’Atlantique et Serge avait une idée folle à réaliser. Il y a quelques jours, pour son 50e anniversaire, il avait reçu une paire de gants jaunes palmés. Un cadeau rigolo qui a bien amusé et il a eu l’idée de les mettre à l’essai dans la grande mare. Il avait choisi l’endroit il y a plusieurs jours et lorsque nous sommes enfin arrivé, toutes les voiles ont été rangées, le bateau a été arrêté et les marins ont sauté à l’eau à tour de rôle. C’est toujours une étrange sensation d’être un homme à la mer sachant que le fond se trouve à des kilomètres sous nos pieds et que de grosses bêtes peuvent rôder autour… L’exploit complété et enregistré pour la postérité, nous avons repris notre route en étant bien rafraîchis…
Ce soir, nous avions plusieurs bonnes raisons de fêter, alors j’ai sorti une bouteille de champagne. Serge a eu l’honneur de la sabrer car nous venions de franchir le cap du 50% du voyage qu’il a entrepris pour ses 50 ans! Nous avons aussi réalisé notre meilleur 24 heures à la voile avec une distance parcourue de 171 miles en 24h (7.1 noeuds de moyenne). Cela a eu pour effet de faire passer notre moyenne globale au dessus de la barre des six noeuds depuis le début du voyage. Si nous continuons à ce rythme, nous allons faire le voyage en 14 jours, ce qui constitue une excellente performance.
Demain, nous aurons notre deuxième changement d’heure à bord car nous traverserons le 45ième degré de longitude. En nous rapprochant de l’Europe, nous devons ajuster notre heure en conséquence. A bord il sera donc 2h pour tard que l’heure de Montréal. (UTC-2).
À l’avant toute pour de nouvelles aventures!
Lever de soleil
L’épissure qui a lâchée
Arrivé à un endroit bien spécial pour Serge. Le milieu de l’Atlantique Nord.
Un Serge-poisson dans l’Atlantique. Nous n’avons pas pu le laisser là.
Oui, même au milieu de l’Atlantique on fait du lavage.