Une journée à oublier

22 mai 2016

(Retour sur la journée du 22 mai 2016, à Leucate au sud de la France….)

La journée débute alors que le vent souffle du sud à 35 noeuds. Je déteste les grands vents à bord d’un voilier… Il fait 22C mais avec le facteur vent, ça doit être à 16C. Brrrr… Je fais part à Sounda qu’on a peut-être fait une erreur de venir en Méditerranée. Elle me dit “trop tard, il faut assumer maintenant. On avait juste à faire nos recherches avant…” Je ne peux m’empêcher d’ajouter que ce sera une journée de ‘marde’ à faire des travaux.

Quelques minutes plus tard, Sounda se rend compte que les enfants ont renversés un verre d’eau au complet dans son laptop. On entreprend aussitôt les mesures d’urgence: on secoue le patient dans tous les sens et il revient à la vie. Je préfère le laisser fonctionner pour que la chaleur internet fasse évaporer l’eau qui doit rester dans l’appareil… Espérons que ça le fera.

Pendant une brève accalmie des vents vers l’heure du midi, on en profite pour nettoyer le cockpit et les enfants participe à la corvée de ménage. Notre joie est de courte durée car les vents repartent de plus belle 2 heures plus tard  avec un vent du nord de 40 noeuds avec des rafales à 50. Quand la pluie se met de la partie, j’en profite pour rappeler mon ami Pascal. Bon, il faut trouver mon téléphone et je le cherche partout… Introuvable!

Je demande à Sounda et elle ne l’a pas dans son sac à dos. Je dois faire une recherche avec iCloud et je n’entend même pas le son du téléphone. Je vais voir à l’auto. Rien. Je demande à Sounda à nouveau car elle l’utilise plus que moi. Finalement, elle a un doute quand je lui montre la carte de l’emplacement où il serait… Elle part affronter la tempête de pluie et revient avec mon téléphone, mouillé. Elle l’avait laissé sur un banc, près de l’esplanade où les enfants vont trottiner. Il fonctionne mais après avoir composé le numéro, je n’entend rien dans le haut-parleur à l’oreille. Ah non, la pluie l’a détraqué! Autre séance de secouage, de séchoir et d’angoisse.

Après quelques minutes, le haut-parleur revient. J’appelle Pascal, sans réponse. Tout-à-coup, j’entend un bruit de fascellement de voile. Merde! J’assume que c’est l’emmagasineur du code 0 qui est en train de dérouler. Ça m’est arrivé au moins à chaque année jusqu’à présent et c’est la catastrophe à chaque fois. J’ouvre machinalement le taquet de la drisse pour le ramener en vitesse sur le pont et quand je lève la tête, je réalise que c’est le génois qui est en train d’ouvrir! Branle bas de combat, on change de bord de bateau et j’enroule la portion qui fascelle au vent.

Évidement, comme c’est une journée de marde, la poisse devait continuer! Le Code 0, ayant été descendu d’une quinzaine de pied, a ouvert légèrement, juste assez pour que les rafales de 50 noeuds de vents s’engouffre à l’intérieur pour le dérouler. Toute la têtière était en train d’ouvrir pendant que je discutais avec deux capitaines qui étaient venu prêter main forte par anticipation. Ils sautent sur le bateau et sur le code 0 pour l’empêcher de s’envoler et c’est plutôt eux qui sont presque passé par dessus bord.

Je cours à la drisse, qui a évidemment bloqué sur une barre de flèche. Après quelques zigonnage, je réussis à la déprendre et faire tomber la voile (et les deux hommes) sur le pont. Rapidement, on ficelle la voile sur le pont, fier de notre travail et bien heureux d’avoir eu de l’aide de ces deux personnes, sinon ma voile aurait explosée. Ils s’en sont retournée chez eux et j’ai eu ainsi un petit moment pour souffler.

Il me semble qu’on en avait eu assez? Et bien non. Une dizaine de minutes après, le milieu du génois a déroulé à nouveau. Il battait au vent et claquait à tout rompre. J’ai essayé de le dérouler un peu, mais cela a aggravé le problème. 2e solution, utiliser la drisse de spi pour l’enrouler autour de la partie qui bat au vent. Plus facile dire qu’à faire avec le vent qui empêchait toute précision pour placer notre cordage au bon endroit. Cette technique nous menait à rien quand un autre capitaine s’est pointé et la dernière solution était d’enrouler la voile davantage. Comme j’était au bout du cordage, il faillait sécuriser l’enrouleur avec une autre corde, démonter le cordage existant, lui faire faire des tours additionnels sur le tambour, défaire la sécurité et enrouler la voile. Bien des étapes que nous avons réussi à faire. Après avoir chaleureusement remercié notre bon samaritain, nous sommes rentrés épuisés, transis, au son des enfants qui disaient: “j’ai faim, je veux un film, je veux…”

Une journée à oublier…

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