Avlemonas. Un nom qui ne vous dit rien. Un village oublié dans un recoin de la Grèce. Notre arrêt ici était purement technique: un endroit abrité pour se reposer un brin avant le départ de Sounda et de Lohan vers le Québec. À notre arrivée, j’ai trouvé le port vraiment petit, mais comme il n’y a aucune autre alternative autour de l’île, j’ai mis l’ancre dans un coin du port, reculé à l’autre extrémité et attaché une amarre à l’arrière de Jayana pour rester en place à l’écart des autres bateaux. Nous faisions figure d’extraterrestres avec un 50′ (15 mètres) parmi les chaloupes et les annexes.
Comme Lohan avait le goût de se délier les jambes, je suis allé découvrir Avlemonas avec lui. Nous avons découvert un havre de paix. Le genre de village où, ce qui surprend le plus, c’est la quiétude et le silence qui y règne. Il y a bien quelques personnes qui se prélassent au bord de la mer et d’autres qui sont attablés, mais l’endroit demeure paisible. Un peu de musique émane de deux restaurants, mais leur sélection musicale est tellement appropriée que j’ai été envoûté!
Le 11 septembre, Sounda et Lohan m’ont quitté pour retourner au Québec. C’est avec beaucoup d’émotion que nous nous sommes dit au revoir, après avoir vécu en symbiose aussi longtemps. Au fil des semaines et des aventures, notre complicité a augmenté et ainsi, l’admiration que l’on voue l’un à l’autre. Je dois admettre que Sounda possède d’innombrables qualités qui comblent largement mes faiblesses et ensemble, nous formons une formidable équipe. Aujourd’hui, voir partir la personne la plus importante de mon équipage me rend triste. Je reste seul devant la tâche qui s’étale devant moi: parcourir les 9000 km qui séparent la Grèce de Sainte-Lucie, théâtre de nos prochaines navigations en famille. Certes, j’aurai bien de l’aide de Carl pour me rendre aux Baléares, et ensuite de Jérôme pour les îles Canaries. Mais pour l’instant, j’ai l’impression d’être laissé seul face à une énorme montagne à gravir. J’ai amorcé ma préparation psychologique depuis un moment, mais parfois, même si on se sait capable, des doutes subsistent… Comme je disais à Sounda, faudrait pas que les entreprises qui opèrent les cargos me fassent un offre pour traverser Jayana et m’éviter toute cette route: je suis dans un état de faiblesse!
Après avoir préparé, inspecté et nettoyé le bateau pour la traversée en solitaire que j’entreprends demain, je suis retourné pour un dernier repas à Avlemonas. C’est là que j’ai eu une révélation. J’ai la profonde conviction nous avons raté une partie de notre séjour en Grèce. Nous sommes tombé dans le piège de visiter les îles réputées, touristiques et spectaculaires: Mykonos, Ios et Santorini. Mais le coeur des grecs, là où on se sent accueilli comme des frères, là où la musique nous incite à danser, là où l’on vit à l’instant présent, nous ne l’avons pas trouvé dans les îles des Cyclades que nous avons visités. Une chose certaine, l’âme humaine que nous recherchons à chaque escale est présente ici à Avlemonas et probablement partout sur l’île de Cithère. Nous aurions dû éviter le tourisme de masse et visiter les coins perdus, reculés et encore sauvages qui existent toujours en Grèce.
p.s. J’ai trouvé cette ancre sous la quille le lendemain de notre arrivée. J’avais bien 30″ (75cm) d’eau sous la quille, mais quand on était par dessus cette grosse ferraille, il ne restait de 2″ (6cm!)
pps. Sounda avait une rage de monter dans le mât aujourd’hui! Avec ses exercices quotidien de musculation, elle a monté comme un chat à l’aide de notre équipement d’escalade!
Où sommes-nous en Grèce?
1 comment
Comment by Al Ceste
Al Ceste 12 septembre 2016 at 3:54 am
J’avais écrit mon mel “musique” avant de vous lire…
Je comprends votre regret d’avoir plus vu la Grèce touristique que la Grèce populaire. J’ai eu la chance de visiter l’Ukraine vue du deuxième côté, c’est même devenu des textes dans un livre (voir mon blogue).
Quelque chose nous dit que pour les pays à visiter, vous n’aurez pas lieu d’exprimer ce regret…
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