Enfin, Orca quitte la maison à 9:40 après une course effrénée pour les dernières préparations et aménagements. Ça fait seulement 10 jours que nous avons adopté Orca et il a fallu l’approvisionner avec tous les équipements pour y vivre à bord. J’en ai aussi profité pour faire un peu d’ébénisterie pour améliorer notre confort à bord. D’abord, une tablette serpentine pour utiliser une armoire non-aménagée. Elle nous servira de garde-manger en plus de pouvoir y placer le contenant de notre mélangeur. L’autre projet, plus substantiel, consiste à transformer l’habitacle avant en grand salon tatami. La ressemblance avec le cockpit de Jayana est étonnante c’est une zone de relaxation en plus de servir de grand lit pour la nuit.

Nous sommes plutôt chargés pour ce voyage avec 6 vélos de montagne, 1 kayak double, une planche à pagaye, tout notre matériel pour faire ces activités et notre linge pour parer à toutes les conditions. Somme toute, il nous reste encore de l’espace à bord inutilisé. C’est infiniment plus logeable que la Volvo et on a tout le confort (ou presque 😄) de la maison.

Après deux arrêts essentiels (L’Amour du Pain & l’entrepôt Lowa pour y récupérer des chaussures pour monsieur), nous voilà enfin sur la route de l’aventure. Après plus d’un an de confinement, c’est bizarre de traverser la frontière avec l’Ontario. Est-ce qu’on peut vraiment?

Rapidement, on ne voit plus de license du Québec. En fait, étrangement, on ne voit plus beaucoup de véhicule. Toute la journée, je roule sans suivre personne et sans me faire suivre, malgré ma faible vitesse. Il y a bien un flot de véhicule de l’autre côté. Est-ce qu’ils fuient quelque chose que je ne suis pas au courant? Même les panneaux sur le bord de la route indiquent de rester chez soi et de s’en tenir aux déplacements essentiels. Les enfants découvrent la vie sans Internet. Ils ne savent pas que j’ai installé un bidule d’auto connectée qui offre 10Gb de données par mois. Vaut mieux garder ça pour plus tard car les émissions en anglais et la lecture remplacent Agar.io. C’est un bon deal parental.

Après s’être restauré dans un St-Hubert Express (il y a ça en Ontario!), on traverse le bouclier Canadien, ses vallons et forêts. Je découvre les magnifiques paysages du parc Algonquins. Ça monte passablement par contre et Orca n’a pas l’air d’aimer ça car un témoin lumineux en forme de triangle et un point d’exclamation apparaît. C’est curieux, je venais juste de penser que c’est plutôt agréable de voyager sans un bateau qui décrépit à toutes les heures et qu’il faut réparer à chaque escale. Je regarde partout (sur Internet et dans le manuel) et pas moyen de savoir à quoi c’est dû. Ça aurait dû être accompagné d’un message dans l’écran, et mon bidule d’auto connectée aurait dû détecter le problème par le port de diagnostic, mais il n’y a rien. Bah, je continue quand même, c’est pas une vulgaire lumière qui va gâcher le bonheur et le sentiment de liberté que j’éprouve!

C’est avec des enfants qui comptaient les minutes que j’arrive vers 19:30 à notre emplacement de camping à Sturgeon Bay, une des milliers de baies de la baie Géorgienne, aux abords du lac Huron. Je suis exténué et fatigué. Je recule dans l’emplacement et j’arrête soudainement. J’ai comme un doute. Il faut se rappeler que je ne voit rien et la caméra de recul ne sert à rien avec mon attirail de vélo. Il était temps, car je commençais à pousser mon beau Canyon tout neuf dans un arbre. Aïe aïe aïe. Le voisin me dit que l’arbre ne se déplacera pas, alors ça serait mieux que je change de façon de me stationner. Merci pour votre remarque pleine de sagesse, je n’y aurais pas pensé par moi-même… 🙄

Prise 2. C’est la bonne et je me balance que le camion gîte sur l’arrière tribord. Je veux juste me coucher!!! Mais nourrir les enfants et réaménager le camion pour la nuit à quand même pris 1 1/2h.

Quand je ferme les yeux, je prends quand même le temps de regarder par le moustiquaire. Jamais laissé une porte arrière ouverte et je sens le vent caresser mon visage. Les dernières lueurs du crépuscule sur le lac me font réaliser tout le privilège que j’ai en ce moment. C’est avec beaucoup de chance qu’on a rencontré Louis et Josée de Nordvan. Et c’est une coïncidence incroyable qu’ils n’avaient pas de clients sur un prototype en production au même moment que j’étais prêt à plonger dans l’aventure. Et un privilège unique de pouvoir bénéficier d’une van aménagé en moins de 6 mois alors que les calendriers de productions de toutes les entreprises étaient complets pour les 12-18 prochains mois. Merci la vie. C’était alors un bon moment pour fermer les yeux.